Fédération Québécoise des Massothérapeutes Agréés

Massothérapie : un outil de plus dans la trousse de la personne asthmatique

végétation printanière couverte de pollen, facteur aggravant de l’asthme Dossiers, Recherche scientifique

Pour les personnes asthmatiques, le printemps est synonyme de pollen et d’aggravation potentielle des symptômes en raison des allergies saisonnières. Mais inconfort, douleur et stress accompagnent souvent ces personnes tout au long de l’année. Quel soutien peut apporter la massothérapie, dans quelles conditions et pour quels bienfaits?

Bref portrait de l’asthme

L’asthme est une maladie chronique dans laquelle les voies respiratoires diminuent de diamètre en présence de certains stimuli, provoquant toux, sifflement et essoufflement. Une personne ayant reçu un diagnostic médical se voit prodiguer des recommandations destinées à maintenir les voies respiratoires ouvertes pour éviter les crises, ainsi qu’un médicament permettant d’ouvrir rapidement ces voies en cas de crise [1].

En 2020, l’Institut national de santé publique indiquait qu’environ 11 % des Québécois âgés d’un an et plus avaient déjà reçu un diagnostic d’asthme en 2016-2017, ce qui représentait près de 900 000 personnes [2]. De son côté, Statistique Canada évalue à 8,7 % la proportion de Canadiens âgés de 12 ans et plus atteints d’asthme en 2020, soit un peu plus de 2 800 000 personnes.

Parmi les facteurs déclencheurs figurent les allergènes inhalés — tels que le pollen —, les infections respiratoires virales — telles que le rhume et la bronchite —, les agents irritants — tels que la fumée, les vapeurs de produits nettoyants, l’air froid et la pollution de l’air —, l’effort physique ainsi que le stress et l’anxiété.

Potentiel et limites de la massothérapie selon la recherche

Une revue systématique et méta-analyse publiée en 2017 par trois auteurs chinois a retenu 14 études pour un total de 1 299 participants afin d’évaluer l’efficacité du massage chez les enfants atteints d’asthme [3]. Bien qu’ils aient émis des réserves sur la méthodologie de certaines de ces études, ces dernières montrent un effet positif de la massothérapie sur les paramètres de la fonction pulmonaire chez les enfants ayant reçu des soins de massothérapie en plus du traitement de base. Notons qu’en Chine, la massothérapie, au même titre que l’acupuncture et les herbes médicinales, fait partie des thérapies traditionnelles. Ces résultats ont également été rapportés dans une revue de littérature publiée en 2019 par cinq auteures australiennes, revue qui a par ailleurs souligné l’absence d’études concluantes sur l’efficacité du massage chez des adultes asthmatiques [4].

En outre, sept auteurs chinois ont déposé, en 2020, un protocole de revue systématique et de méta-analyse visant à évaluer l’efficacité du massage Tui Na dans les cas d’asthme. La publication des résultats de cette longue démarche pourra donner lieu à une mise à jour de ce billet. Pour quelle raison les Chinois s’intéressent-ils particulièrement aux avenues complémentaires susceptibles d’améliorer la condition des personnes asthmatiques? Parce que leur pays connaît l’un des taux de mortalité les plus élevés associés à cette maladie [5].

Approche du côté de la pratique

On l’aura compris : la massothérapie ne peut pas guérir l’asthme, mais elle peut certainement contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des personnes asthmatiques. Un billet publié par la FQM en 2018 rapportait qu’« en relâchant les tensions musculaires au niveau de la cage thoracique (diaphragme, muscles intercostaux), le ou la massothérapeute peut contribuer à l’amélioration de la fonction respiratoire chez la personne asthmatique ». En effet, ces muscles, en situation de difficultés respiratoires, s’avèrent souvent sursollicités.

L’American Massage Therapy Association indiquait, dans un billet publié en 2021, qu’un client prenait rarement rendez-vous en massothérapie pour gérer spécifiquement son asthme. Cependant, en pratiquant des techniques à pression modérée, plutôt qu’en provoquant un stress supplémentaire ou une sensation de suffocation avec un massage profond, le ou la massothérapeute peut induire une relaxation musculaire conduisant à un apaisement du stress physique et émotionnel, libérant ainsi la personne d’une partie de sa charge [6].

Dans tous les cas, la personne asthmatique doit suivre son traitement médical et demander conseil, le cas échéant, à son professionnel de la santé. En outre, un massage sera totalement contre-indiqué en période de crise.

Puisque les allergènes font partie des éléments déclencheurs, le massothérapeute doit porter une attention particulière à plusieurs éléments : utiliser des produits simples, neutres et sans parfum, y compris pour laver les draps et les serviettes, et éviter d’utiliser des huiles essentielles qui pourraient exacerber la condition.

La massothérapie est une approche complémentaire qui, lorsqu’elle est adaptée à l’état de santé d’une personne et pratiquée par un massothérapeute bien formé et compétent, peut contribuer à la prise en charge de plusieurs maladies, dont l’asthme. La massothérapie ne remplace pas un traitement médical; elle s’inscrit dans une vision d’interdisciplinarité et devrait être prodiguée en complémentarité avec d’autres disciplines de la santé.

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 Références :

[1] Association pulmonaire du Canada. [s. d.] Maîtrise et gestion de l’asthme. https://www.lung.ca/sites/default/files/AsthmaControl_Management_FR.pdf

[2] Institut national de santé publique du Québec. Bureau d’information et d’études en santé des populations. (2020). Portrait québécois de l’asthme : prévalence, incidence et mortalité de 2001 à 2016. http://www.santecom.qc.ca/Bibliothequevirtuelle/INSPQ/126822.pdf

[3] Wu, J., Yang, X. W., et Zhang, M. (2017). Massage Therapy in Children with Asthma: A Systematic Review and Meta-Analysis. Evidence-based complementary and alternative medicine: eCAM, 2017, 5620568. https://doi.org/10.1155/2017/5620568

[4] Stoodley, I., Williams, L., Thompson, C., Scott, H., et Wood, L. (2019). Evidence for lifestyle interventions in asthma. Breathe, 15(2), e50–e61. https://doi.org/10.1183/20734735.0019-2019

[5] Wang, C., Jiang, Y., Fan, Z., Zhao, M., Jiang, Y., Wang, Z., et Chen, Z. (2020). The efficacy of Tuina for asthma: A protocol for a systematic review and meta-analysis. Medicine, 99(52), e23912. https://doi.org/10.1097/MD.0000000000023912

[6] AMTA. (2021, 1er août). Breathe easier: asthma and massage. https://www.amtamassage.org/publications/massage-therapy-journal/asthma-and-massage/

Rédaction : Catherine Houtekier, rédactrice agréée et réviseure