Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

Légalisation du cannabis – Quel impact pour les massothérapeutes?

Le 17 octobre dernier, le cannabis est devenu une drogue légale. Comment cette nouvelle réalité affectera-t-elle la pratique des massothérapeutes?

Votre client se présente pour son rendez-vous. Vous l’accueillez et entamez le questionnaire santé. Après quelques minutes, vous vous rendez compte que son comportement n’est pas normal. Il semble sous l’effet d’une substance qui pourrait bien être du cannabis. Comment devez-vous réagir?

Ce que dit le code de déontologie

D’entrée de jeu, il faut savoir qu’en tant que massothérapeute agréé(e), vous êtes assujetti(e) au code de déontologie de la Fédération québécoise des massothérapeutes, qui établit les règles encadrant votre pratique professionnelle et vise à assurer la sécurité de vos clients.

C’est à l’article 26 du code de déontologie qu’il faut se référer dans le cas d’un client intoxiqué au cannabis. Selon cet article, un massothérapeute agréé(e) « ne peut […] cesser ou refuser de donner des services nécessaires à un client », à moins d’avoir un motif juste et raisonnable de le faire.

Le fait qu’un client soit « sous l’effet de l’alcool, d’une drogue ou de toute substance qui pourrait affecter sa lucidité ou sa santé » constitue un motif valable pour refuser de lui prodiguer des soins de massothérapie. Pourquoi? D’abord parce que son jugement pourrait être affecté, mais aussi parce que les effets du cannabis risquent de compromettre sa sécurité lors d’un massage.

Le client est-il apte à fournir un consentement libre et éclairé?

Il est reconnu que la consommation de cannabis affecte le jugement. Ce faisant, une personne intoxiquée pourrait ne pas être en mesure de vous fournir un consentement libre et éclairé à recevoir des soins de massothérapie.

Selon Éducaloi, un consentement est libre lorsqu’il est donné de plein gré. Un consentement éclairé réfère pour sa part au fait que la personne a en main toute l’information pertinente pour prendre une décision. Ces informations sont notamment en lien avec son état de santé, mais aussi avec les risques et les conséquences associés aux soins qui lui seront fournis. Dans les deux cas, la personne doit être apte à consentir. Pour ce faire, son jugement ne doit pas être altéré.

Il est de votre responsabilité d’évaluer la condition de santé de votre client avant de lui prodiguer un massage. Il vous sera possible de le faire lors du questionnaire santé, en vérifiant par exemple si la personne est en mesure de répondre adéquatement aux questions que vous lui posez. L’attention, le jugement et le temps de réaction du client pourront également être observés à ce moment.  

Si vous soupçonnez que votre client est sous l’effet du cannabis ou d’une autre substance et que son jugement est altéré, mieux vaut reporter le rendez-vous.

Des effets sur le cerveau et le système nerveux

Bien que légal, le cannabis demeure une drogue dont les effets sont observables sur les plans physique et mental. Il vous faudra donc tenir compte des effets du cannabis dans la planification d’un soin qui se veut efficace et sécuritaire.

L’un des effets reconnus du cannabis est d’atténuer la douleur. Une personne en ayant consommé pourrait donc être plus tolérante à la pression et percevoir la douleur moins intensément lors d’un massage. Ce faisant, le risque de blessure sera plus important. Il vous faudra alors adapter votre soin en conséquence.

Il faut savoir que les médecins prescrivent de plus en plus le cannabis pour des raisons médicales, notamment dans le but d’atténuer la douleur, de diminuer l’inflammation ou de soulager les nausées chez leurs patients. Si votre client consomme du cannabis à des fins thérapeutiques et que la drogue lui a été prescrite, assurez-vous qu’il ait obtenu l’accord de son médecin pour recevoir des soins de massothérapie.

Le petit guide des substances actives du cannabis

Le cannabis est une plante, mais aussi une drogue composée de plus de 500 ingrédients actifs dont les effets psychotropes et thérapeutiques sont reconnus depuis longtemps. Voici les deux molécules actives du cannabis qui sont les mieux connues :

  • Le tétrahydrocannabinol (THC). Il s’agit du principal ingrédient actif du cannabis, dont la concentration varie grandement selon la méthode de préparation de la drogue (joint, haschich, huile de haschich, etc.). Le THC se veut une substance psychoactive dont les effets sur le cerveau sont nombreux : diminution de la mémoire, de l’attention et de la concentration, capacité de jugement amoindrie, ralentissement du temps de réaction, etc.
  • Le cannabidiol (CBC). C’est la molécule qui est ciblée pour les usages thérapeutiques du cannabis. On lui associe des propriétés anti-inflammatoires, analgésiques, anxiolytiques et anti-nauséeux, sans pour autant montrer d’effets psychoactifs. En fait, le CBC contrerait même dans une certaine mesure les effets psychotropes du THC.

Pour de plus amples informations sur l’impact de la légalisation du cannabis sur la pratique des massothérapeutes, contactez le service aux membres de la Fédération québécoise des massothérapeutes en composant le 514 597-0505 (sans frais 1 800 363-9609).

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