Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

Les étirements nous rendraient plus tolérants à la douleur

etirement Dossiers, Recherche scientifique

Les étirements ont de nombreux bienfaits sur la souplesse et la mobilité. Mais voilà que de nouvelles données avancent qu’ils pourraient aussi augmenter la tolérance à la douleur.

 

On estime que huit personnes sur dix, soit 80 % de la population, ressentiront une douleur au dos à un moment ou à un autre de leur vie [1]. La douleur au cou, ou cervicalgie, affecterait quant à elle plus de 30 % de la population [2]. Dans la moitié des cas, cette douleur ne disparaîtra pas et deviendra chronique.

On sait qu’un mode de vie actif favorise une meilleure gestion de la douleur. Mais qu’en est-il plus particulièrement des étirements ?

 

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Une tolérance accrue à la douleur

Récemment, des chercheurs de l’Université Laval se sont penchés sur la question. Dans le cadre d’une étude pilote, ils ont demandé à 22 adultes qui ne ressentaient pas de douleur de réaliser des étirements des muscles du bas du dos et de l’avant-bras. Chaque étirement était maintenu pendant trois minutes.

Pour vérifier l’effet des étirements sur la tolérance à la douleur, les chercheurs ont utilisé un algomètre. Il s’agit d’un appareil qui mesure le seuil de sensibilité à la douleur après l’application d’une pression sur un muscle. Ce seuil a été mesuré dans le dos et à l’avant-bras chez tous les participants, et ce, avant et après les étirements.

En comparant les résultats à la fin de l’étude, les chercheurs ont constaté que le seuil de sensibilité à la douleur dans le bas du dos et à l’avant-bras, donc la tolérance des participants, était plus élevé après les étirements. On appelle ce phénomène l’hypoalgésie.

Autre fait intéressant : les étirements au bas du dos augmentaient aussi la tolérance à la douleur à distance du dos, soit dans l’avant-bras. Cette observation laisse croire que certains étirements pourraient avoir un effet systémique, c’est-à-dire dans plusieurs zones du corps, et non pas seulement localisé au muscle étiré*.

À ce jour, on ignore par quel mécanisme les étirements induisent une hypoalgésie. On suppose cependant qu’ils stimuleraient une zone responsable de la modulation de la douleur dans le cerveau. L’activité physique en général aurait le même effet sur la tolérance à la douleur [3].

Il faut toutefois savoir que les étirements ne constituent pas une solution miracle pour soulager la douleur, surtout si cette dernière est chronique. Pour certaines personnes, les étirements pourraient même être contre-indiqués. En cas de doute, consultez un professionnel de la santé !

* Cette étude pilote a été réalisée sur un nombre très restreint de participants, ce qui ne permet pas de généraliser ses résultats à tous ceux et celles qui vivent avec de la douleur.

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Quelques mots sur les étirements

De manière générale, le fait d’étirer un muscle améliore sa souplesse et aide à diminuer les raideurs et les tensions qui peuvent s’y loger. Mais ce n’est pas tout. Les étirements peuvent également améliorer la flexibilité des articulations, contribuer à un meilleur équilibre et à une bonne posture, et augmenter le niveau d’énergie.

Pour être efficaces, les étirements doivent être maintenus pendant 30 à 60 secondes et être pratiqués chaque jour. Ils doivent aussi cibler un seul muscle à la fois et ne pas provoquer de douleur. Ils seront finalement plus efficaces s’ils sont réalisés en combinaison avec d’autres activités physiques, par exemple des exercices de renforcement musculaire. 

 

Pour plus d’informations :

Soulagez rapidement vos douleurs lombaires : 8 étirements faciles en 8 minutes

Douleur chronique : cinq bonnes raisons de vous faire masser

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Références

[1] Rubin, I. D. (2007). Epidemiology and risk factors for spine pain. Neurologic Clinics, 25(2):353-371. Repéré à https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0733861907000059?via%3Dihub

[2] Cohen, S. P. (2015). Epidemiology, diagnosis, and treatment of neck pain. Mayo Clinic Proceedings, 90(2): 284-299. Repéré à https://www.mayoclinicproceedings.org/article/S0025-6196%2814%2900833-7/fulltext

[3] Naugle, K. M. et coll. (2012). A meta-analytic review of the hypoalgesic effects of exercise. Journal of Pain, 13(12):1139-1150. Repéré à https://www.jpain.org/article/S1526-5900(12)00808-5/fulltext