Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

Le client partenaire en massothérapie

Dossiers

À l’image du système et des professionnels de la santé qui accueillent des patients partenaires, les massothérapeutes peuvent établir une relation de partenariat avec leurs clients désireux non seulement de prendre part aux décisions concernant leur santé, mais également de s’impliquer dans sa prise en charge. Quelles dimensions recouvre le concept de patient partenaire? Comment se décline-t-il du côté de la massothérapie?

L’approche du patient partenaire en santé et services sociaux

Depuis plusieurs années, le réseau de la santé et des services sociaux a développé l’approche de partenariat qui « repose sur la relation entre les usagers, leurs proches et les acteurs du système de santé et des services sociaux. Cette relation mise sur la complémentarité et le partage des savoirs respectifs, ainsi que sur la façon avec laquelle les divers partenaires travaillent ensemble. Plus précisément, la relation favorise le développement d’un lien de confiance, la reconnaissance de la valeur et de l’importance des savoirs de chacun, incluant le savoir expérientiel des usagers et de leurs proches […]. » Cette approche veut notamment permettre aux usagers et à leurs proches d’exercer une plus grande influence sur leur santé ainsi que sur les décisions relatives aux soins et services qu’ils sont susceptibles de recevoir [1]. Un patient partenaire est une personne qui devient progressivement apte, au fil de son cheminement clinique, à faire des choix de santé libres et éclairés.

En 2006, trois auteures suédoises soulignent déjà que, pour créer les conditions d’une véritable participation du patient, les professionnels doivent reconnaître les connaissances uniques de chaque patient et respecter la description que fait la personne de sa situation plutôt que de l’inviter simplement à participer à la prise de décision [2]. En 2020, quatre auteures américaines déterminent un cadre conceptuel pour définir ce que recouvre une véritable participation ou un véritable engagement du patient. Ce cadre comprend quatre volets interdépendants : l’autogestion, l’utilisation des informations de santé — que l’on pourrait également nommer littératie — la communication collaborative et la navigation dans le système de soins et de services de santé. Selon elles, la propension à s’engager dans son parcours de soins est plus forte lorsque le patient adopte des comportements dans plusieurs ou l’ensemble de ces volets [3].

Un terrain propice au partenariat en massothérapie

La massothérapie se veut une approche complémentaire qui s’inscrit dans une gestion globale de la santé, une approche en santé intégrative. Par ailleurs, qui dit partenariat dit association entre deux ou plusieurs instances en vue de mener une action commune ou un projet commun. Dans ce contexte, le partenariat entre le client ou la cliente et le ou la massothérapeute a donc sa raison d’être.

Dans son Code de déontologie, la FQM établit certaines balises du partenariat en délimitant le rôle du thérapeute. En effet, l’article 3 du Code indique que : « Le membre doit favoriser les mesures d’éducation et d’information dans le domaine où il exerce. Il doit aussi, dans l’exercice de ses fonctions, poser les actes qui s’imposent pour que soit assurée cette fonction d’éducation et d’information. » Mais il indique également, à l’article 18 : « a) le membre doit s’abstenir de donner des conseils et/ou interdits sur des médicaments et doit, dans l’intérêt du client, respecter les avis et conseils des autres professionnels de la santé; b) le membre doit s’abstenir de poser des diagnostics d’ordre médical et/ou critiquer les avis et conseils des professionnels de la santé et doit, dans l’intérêt du client, respecter les autres professionnels de la santé. »

Le client ou la cliente, de son côté, a toute la marge de manœuvre pour s’investir dans son parcours de santé et de bien-être. D’une part, le massothérapeute reconnaît ses connaissances uniques [2] lorsqu’il l’écoute, puis adapte l’approche et le soin à sa condition. D’autre part, le massothérapeute favorise une autogestion par le client [3] lorsqu’il lui propose, par exemple, des manœuvres à reproduire à la maison en cas de crise de douleur chronique. Enfin, le client a son rôle à jouer au centre d’une approche de complémentarité et d’interdisciplinarité entre la massothérapie et les autres professions de la santé. Nous vous proposons ci-dessous quelques exemples.

Le client partenaire en action

  • Le client choisit son massothérapeute : il appartient alors aux deux acteurs d’établir une relation de confiance. La « confiance réciproque détermine la solidité de la relation thérapeute client et permet au premier d’aider le second de façon optimale ».
  • Lors de l’administration du questionnaire santé, le client, grâce à l’écoute active et aux questions ouvertes du thérapeute, a toute la liberté de s’exprimer sur sa condition, les raisons de sa consultation, son besoin et l’objectif qu’il souhaite atteindre.
  • En début de séance, le client choisit, en concertation avec le thérapeute, le type de massage à prodiguer.
  • Tout au long de la séance, le client peut donner de la rétroaction et requérir, le cas échéant, un ajustement des manœuvres prodiguées.
  • De nombreuses méthodes de massage clinique nécessitent la participation du patient pendant l’application de techniques telles que la facilitation neuromusculaire proprioceptive, les techniques d’énergie musculaire, la tension-contre-tension et la thérapie myofasciale active. La participation active du client peut améliorer les résultats du soin [4].
  • À l’issue du soin, thérapeute et client font le point et préparent l’après. Le partenariat se poursuit.

À lire également

Vers une approche en santé intégrative

Relation de confiance en massothérapie : la créer, la maintenir

Références 

[1] Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux. (2018). Cadre de référence de l’approche de partenariat entre les usagers, leurs proches et les acteurs en santé et en services sociaux. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2018/18-727-01W.pdf

[2] Eldh, A. C., Ekman, I., et Ehnfors, M. (2006). Conditions for patient participation and non-participation in health care. Nursing ethics13(5), 503-514. https://doi.org/10.1191/0969733006nej898oa

[3] Kimerling, R., Lewis, E. T., Javier, S. J., et Zulman, D. M. (2020). Opportunity or burden? A behavioral framework for patient engagement. Medical care58(2), 161-168. https://doi.org/10.1097/MLR.0000000000001240

[4] Salvo, S. G. (2019). Clinical Massage: Pain, Trigger Points, Fascia, Orthopedic Assessments, and Application Methods. Massage Therapy: Principles and Practice, 6th ed., 267.

Rédaction : Catherine Houtekier, rédactrice agréée et réviseure