Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

La massothérapie chez la personne souffrant de maux de tête, adapter le soin pour prévenir et soulager

Dossiers, Techniques

En collaboration avec Isabelle Bujold et Marie-Ève Letarte, massothérapeutes agréées certifiées

Les personnes qui souffrent de maux de tête vivent périodiquement ou quotidiennement avec une douleur d’intensité variable. Leur tête, leur cou, leurs épaules sont le siège de tensions musculaires. Plusieurs d’entre elles sont également stressées. En agissant sur tous ces aspects, la massothérapie constitue une approche complémentaire intéressante pour soulager et même prévenir ces douleurs incommodantes, voire invalidantes. À condition, évidemment, que le soin soit adapté.

D’entrée de jeu, le massage a une double action chez une personne qui souffre de maux de tête. D’abord, il agit sur le corps en diminuant les tensions musculaires et en rejoignant le système nerveux. De cette manière, les signaux de douleur sont inhibés et l’individu est amené à ressentir des sensations agréables grâce à un toucher adapté. Ensuite, le massage entraîne un état de calme et de relaxation, favorisant par le fait même une gestion du stress plus efficace et l’atteinte d’un mode de vie équilibré.

Ainsi, en plus de soulager la douleur, le massage pourrait éventuellement contribuer à un meilleur contrôle des maux de tête, notamment en ce qui concerne la durée des crises et leur fréquence. Mais comment le massothérapeute peut-il adapter son soin pour observer ces effets auprès des personnes souffrant de maux de tête ?

Questionner pour mieux intervenir

En présence de maux de tête, le questionnaire santé est toujours pertinent. Il aide le massothérapeute à faire le point sur l’état de santé de son client et à adapter son intervention.  

Évidemment, des questions d’ordre général fourniront de l’information intéressante au massothérapeute, notamment sur le travail effectué par le client et sur son état de santé. Des questions spécifiques aux maux de tête permettront par la suite au massothérapeute de se faire une idée de la pathologie et d’intervenir de manière ciblée. On voudra par exemple savoir :

  • Depuis quand la personne souffre-t-elle de maux de tête ?
  • S’agit-il de maux de tête épisodiques ou chroniques ?
  • Dans le cas d’une femme, les crises sont-elles liées au cycle menstruel ou à d’autres changements hormonaux ?
  • Dans quelle partie de la tête la douleur est-elle ressentie (localisation) ?
  • Quel est le type de douleur ressenti ? Quelle est son intensité ?
  • Quelle est la durée des crises ? Quelle est leur fréquence ?
  • Quels sont les médicaments pris par le client pour soulager la douleur liée aux maux de tête ?
  • Quels sont les facteurs qui déclenchent les crises, s’ils sont connus du client ?
  • Quels sont les éléments qui permettent de soulager la douleur ?

La prise de médicaments anti-inflammatoires doit également être évaluée lors du questionnaire santé. En effet, le massothérapeute devra adapter son soin si la dernière dose a été prise peu de temps avant le massage, car le seuil de douleur du client pourrait alors être modifié.

Finalement, le massothérapeute pourra demander à son client s’il a reçu un diagnostic médical pour ses maux de tête. Bien qu’il ne soit pas nécessaire à une intervention en massothérapie, le diagnostic aidera à mieux comprendre la douleur ressentie par le client afin d’intervenir plus efficacement auprès de lui. Dans tous les cas, le massothérapeute se basera d’abord et avant tout sur ses observations et sur les symptômes du client en lien avec ses maux de tête afin d’adapter le soin.

Attention aux maux de tête dont la présentation est inhabituelle !

⇒ Si une personne se présente pour un massage et qu’elle souffre d’un mal de tête fulgurant, qu’elle se plaint d’une douleur qu’elle n’a jamais ressentie, et que rien n’arrive à la soulager, il pourrait s’agir d’une urgence médicale. Si votre client décrit ces signes, composez le 9-1-1 ou, s’il est accompagné, dirigez-le vers l’urgence la plus près.

⇒ Il sera également intéressant de diriger le client vers son médecin ou son pharmacien en présence d’effets secondaires découlant de la médication prise pour les maux de tête ou de questionnements du client en lien avec les céphalées et les risques qui en découlent.

Porter une attention spéciale à l’environnement et au positionnement

Les personnes qui vivent avec des maux de tête, notamment des migraines, peuvent être sensibles à certains éléments de leur environnement (luminosité, sons, odeurs). Le massothérapeute devra donc y porter une attention particulière pendant le soin et s’ajuster aux préférences de son client.

Le positionnement revêt aussi une importance capitale lorsque le client souffre de maux de tête. Un positionnement en décubitus dorsal avec, au besoin, surélévation de la tête sera à privilégier. En effet, le fait d’être couché sur le ventre pourrait créer une pression supplémentaire au niveau du crâne, favoriser un retour du sang vers la tête et ainsi aggraver ou déclencher un mal de tête.

Miser sur un massage tout en douceur

Les maux de tête entraînent la libération locale de substances inflammatoires qui viennent irriter les nerfs et les vaisseaux sanguins de la tête. Ce faisant, la douleur qui en découle favorise l’apparition de tensions musculaires qui seront alors observées au niveau de la tête, du cou et des épaules.

Lorsque la personne se présente avec un mal de tête, il faudra donc éviter d’appliquer un stress supplémentaire sur le corps. Un massage progressif et tout en douceur sera à privilégier afin de calmer la douleur.

La nuque, les épaules, le visage, les mâchoires et la tête (cuir chevelu) seront des régions à cibler localement. Le fait de travailler chaque fibre musculaire, chaque vertèbre en utilisant de petites élongations et de légers points de pression permettra de dégager les structures et amènera une certaine mobilité dans le haut du corps. Le massothérapeute veillera cependant à appliquer ces manœuvres de façon contre-anatomique, c’est-à-dire du haut vers le bas du corps, car le fait de diriger le flux sanguin vers la tête pourrait aggraver les maux de tête ou même les provoquer. Chez la personne migraineuse, il est également déconseillé de manipuler la région suboccipitale et la zone située près du nerf d’Arnold, deux zones sensibles au déclenchement des céphalées.

Chez la clientèle souffrant de maux de tête

Manœuvres à privilégier : effleurages, élongations, vibrations, pétrissages, de même que toutes les manœuvres douces et légères effectuées à partir de la tête vers le bas du corps.
Manœuvres à éviter : percussions, frictions, compressions, pompages, de même que toutes les manœuvres qui vont ramener le sang vers la tête.

Une intervention à distance pourrait s’avérer intéressante en présence de maux de tête afin d’amener des sensations agréables ailleurs qu’au site de douleur. Dans le cas où le client ne serait pas confortable pendant le massage, la durée du soin pourrait aussi être écourtée.

Lorsque la personne est sujette aux céphalées, mais qu’elle ne présente pas de symptômes pendant le massage, le massothérapeute pourra privilégier un travail au niveau de la musculature afin de déloger les tensions dans tout le corps. Un positionnement en procubitus, c’est-à-dire couché sur le ventre, pourra alors être indiqué si le client est confortable, afin de travailler le dos et la nuque plus facilement. 

Des approches intéressantes auprès des personnes souffrant de maux de tête :

– Le drainage lymphatique. Son but premier est d’agir sur le système lymphatique afin d’éliminer les toxines et de diminuer l’inflammation, laquelle est présente dans les cas de céphalées de tension et de migraines. Il s’agit d’une technique lente qui calme le système nerveux par la douceur et la répétition de ses manœuvres.
– Les approches énergétiques. Elles permettent de travailler à distance sur un symptôme. Il faut savoir qu’une personne qui souffre d’un mal de tête a énormément d’énergie au niveau du crâne. Les approches énergétiques favoriseront donc un retour de l’énergie vers le bas du corps.

À la fin du soin, le massothérapeute pourra suggérer à son client de bien s’hydrater afin de favoriser l’élimination des toxines et des substances inflammatoires libérées pendant le massage. Des exercices d’automassage pourront également être enseignés au client afin de lui fournir un outil supplémentaire pour soulager la douleur et même prévenir l’apparition de crises subséquentes.

Accompagner le client dans la prise en charge de ses migraines

Plus le massothérapeute aura de connaissances en ce qui concerne la prise en charge des maux de tête, plus il sera en mesure d’accompagner son client vers une meilleure gestion de sa douleur. En effet, il faut savoir que la relation entre le massothérapeute et son client en est une de confiance. Dans ce contexte, le massothérapeute se veut un acteur clé pour détecter les problèmes et diriger, au besoin, le client vers les professionnels appropriés, que ce soit un médecin, un pharmacien ou une nutritionniste. La collaboration du massothérapeute avec d’autres intervenants, par exemple les ostéopathes ou les acupuncteurs, est également intéressante en présence de maux de tête, vu que ces approches ont des visées complémentaires.

En terminant, il est essentiel de garder en tête qu’une prise en charge efficace des céphalées passe par l’interdisciplinarité. La massothérapie, comme les autres approches et disciplines en santé, n’est qu’un morceau du casse-tête !

Rédaction ❚ KATIA VERMETTE, rédactrice agréée

katiavermette@hotmail.com