Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

Adapter son intervention en présence d’une maladie neurologique

Dossiers, Techniques

En pratique

Il ne fait aucun doute que l’état de santé doit être pris en compte par le massothérapeute afin d’offrir à son client un soin adapté, efficace et sécuritaire. Les massothérapeutes agréées Joëlle Cyr et Sylvie Desgagné mettent en lumière certaines considérations relatives au massage en présence d’une maladie neurologique.

Les maladies neurologiques se caractérisent par un dérèglement du système nerveux. La paralysie cérébrale, la démence, la maladie de Parkinson et les troubles anxieux en sont des exemples. Bien que la prise en charge de ces pathologies inclue souvent une médication, de plus en plus de malades se tournent aujourd’hui vers la massothérapie pour réduire l’intensité de leurs symptômes et ainsi améliorer leur qualité de vie.

Le massage se présente en fait comme un éducateur du système nerveux. Parce qu’il favorise la détente, il aura par exemple un effet intéressant sur les symptômes de rigidité et de spasticité observés dans plusieurs maladies neurologiques.

Mais attention. Pour que le massage soit efficace et sécuritaire, il se doit d’être adapté à l’état de santé du client et à la pathologie neurologique dont il souffre. Pour ce faire, une collecte de données détaillée et un accompagnement adéquat aideront le massothérapeute à planifier une intervention personnalisée pour son client.

Pour une collecte d’information efficace

Les maladies neurologiques sont nombreuses et doivent être considérées par le massothérapeute agréé dans la planification de son intervention. Le questionnaire santé revêt ainsi une importance capitale pour les clients dont le système nerveux est déréglé. En effet, il permettra au massothérapeute de poser le bon geste thérapeutique, au moment opportun.

Pour ce faire, le massothérapeute aura avantage à se documenter sur la maladie de son client afin de comprendre la manière dont elle affecte l’organisme. Des connaissances en pharmacologie seront également utiles. En étant au fait du mode d’action des médicaments et des effets secondaires attendus, il sera plus facile pour le massothérapeute d’intervenir adéquatement.

Ainsi, le questionnaire santé devrait notamment, mais pas exclusivement, permettre d’identifier :

  • La maladie neurologique dont souffre le client, le stade d’évolution (si applicable), les symptômes présents et leur impact sur la qualité de vie;
  • La présence ou l’absence de douleur, de même que les mécanismes endogènes impliqués;
  • Les médicaments prescrits et les effets secondaires présents.

Une intervention adaptée au client

Le questionnaire santé et les connaissances du massothérapeute en matière de physiologie, de pathologie et de pharmacologie l’aideront à planifier et à individualiser son intervention. Pour ce faire, il importe de fixer des objectifs thérapeutiques précis, réalistes, atteignables et mesurables, et ce, en fonction des besoins et des attentes de son client.

En présence d’une pathologie du système nerveux, une attention particulière devrait être portée au confort et à la sécurité du client. Voici en ce sens quelques points à considérer :

  • Tenir compte des limitations fonctionnelles du client et soulager ses contractures en utilisant des coussins et des oreillers;
  • Assurer, en tout temps, une bonne communication avec le client afin d’encourager une rétroaction immédiate;
  • Privilégier les techniques qui favorisent le relâchement musculaire et la réduction du stress, par exemple le massage californien et le suédois thérapeutique (d’autres techniques peuvent être envisagées) *.
  • Favoriser les manœuvres rythmiques, les mouvements lents, les étirements passifs respectant l’amplitude de mouvement, les effleurages, les pétrissages doux et les techniques de respiration afin de rejoindre le système nerveux parasympathique* (garder en tête que le niveau de stimulation tactile dépendra de la durée de la manœuvre, de l’endroit où elle est appliquée, de l’action visée, de la sensation induite, de l’intensité du toucher et de sa fréquence);
  • Éviter les manœuvres pouvant provoquer de la douleur (ex.: compressions ischémiques profondes, trigger points effectués de manière traditionnelle) *.

* Il existe des précautions et des contre-indications selon l’état de santé du client.

La place de l’accompagnement et de la relation d’aide

En présence d’une maladie neurologique, l’accompagnement et la relation d’aide constituent des aspects fondamentaux de l’intervention en massothérapie. Parce qu’un individu doit être considéré dans sa globalité, il importe donc, pour le massothérapeute, de déterminer les facteurs psychosociaux ayant un impact sur la qualité de vie de son client. Ainsi, ses habitudes de vie, l’environnement physique et social dans lequel il évolue, les professionnels de la santé qu’il consulte, et la présence ou l’absence de douleur sont autant d’aspects qui, en les identifiant, favoriseront une intervention optimale en massothérapie.

En outre, il est difficile de parler d’accompagnement et de relation d’aide sans faire référence à l’éducation. L’enseignement de stratégies adaptées favorisant une meilleure gestion de la maladie neurologique constitue l’une des grandes forces du massothérapeute. Ce dernier pourra ainsi proposer des techniques de respiration à son client ou des exercices adaptés à son état de santé. La visualisation et la tenue d’un journal du sommeil ou de la douleur s’avèrent également intéressantes pour améliorer la prise en charge de la maladie chez le client.

Bref, c’est grâce à son savoir-faire et à son savoir-être, mais aussi en reconnaissant les limites de sa pratique que le massothérapeute réussira à adapter efficacement son intervention.

En collaboration avec Joëlle Cyr, massothérapeute agréé et membre de l’Ordre des massothérapeutes de l’Ontario et Sylvie Desgagné, massothérapeute agréée de la région de Rimouski

Rédaction Katia Vermette