Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

Anxiété, dépression et épuisement professionnel : mieux intervenir en massothérapie

Dossiers

L’anxiété, la dépression et l’épuisement professionnel se manifestent différemment d’une personne à l’autre. Comment le massothérapeute peut-il en reconnaître les signes et les symptômes pour mieux intervenir ?

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la santé mentale comme « un état de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté ». Évidemment, il peut arriver que les pensées, les émotions et le comportement d’une personne se dérèglent et amènent chez elle une certaine souffrance. Dans la plupart des cas, la situation reviendra rapidement à la normale. Mais, parfois, ces dérèglements perdurent et s’accompagnent d’une détresse psychologique. Apparaissent alors les troubles de santé mentale.

Selon l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), « le trouble mental est une affection cliniquement significative qui se caractérise par le changement du mode de pensée, de l’humeur et du comportement d’une personne associé à une détresse psychique ou à une altération des fonctions mentales »3. Les troubles anxieux et la dépression sont probablement les troubles mentaux les mieux connus et les plus fréquents dans la population, représentant ensemble près des deux tiers (65 %) des cas au Québec4.

LORSQUE L’ANXIÉTÉ DEVIENT PROBLÉMATIQUE

Nous vivons tous de l’anxiété à un moment ou à un autre de notre vie, que ce soit lors d’un mariage, d’un divorce, de la perte d’emploi ou du décès d’un être cher. Une certaine dose d’anxiété est donc normale au quotidien.

L’anxiété devient cependant problématique lorsqu’elle nous empêche de fonctionner, par exemple si elle ne disparaît pas une fois la situation stressante résolue, si elle apparaît sans raison ou si elle occasionne une détresse psychologique intense par rapport à la nature réelle des événements vécus. Dans ce cas, on ne parlera plus seulement d’anxiété, mais d’un trouble anxieux, un terme général qui regroupe entre autres le trouble d’anxiété généralisé, le trouble panique et le trouble obsessionnel compulsif (TOC).

On estime qu’un individu sur dix présente un trouble anxieux au pays, peu importe son âge5. Son apparition dépendra de la combinaison de plusieurs facteurs, notamment le niveau de stress vécu par la personne, son hérédité et son tempérament.

Dans tous les cas, ceux et celles qui souffrent d’anxiété en ressentiront les symptômes autant sur le plan physique que psychologique. On observera par exemple de la fatigue et des troubles du sommeil, des étourdissements, des nausées et de la diarrhée, une sensation d’étouffement, de la transpiration, une hausse de la tension artérielle, un manque de concentration et des palpitations cardiaques.

LA DÉPRESSION… OU LORSQUE LE SENTIMENT DE TRISTESSE PERDURE

Selon l’Institut de la statistique du Québec, 12 % de la population québécoise âgée de 15 ans et plus aurait vécu un épisode dépressif au cours de sa vie6. Une statistique qui sera vraisemblablement en hausse dans les prochaines décennies. L’OMS prédit en effet que la dépression se classera au premier rang des causes de morbidité sur la planète d’ici 20507.

On parlera de dépression lorsqu’un sentiment de tristesse est présent de manière assez constante pendant au moins deux semaines, s’il s’observe dans plusieurs sphères de la vie et s’il s’accompagne d’autres symptômes physiques et psychologiques (ex. : perte d’intérêt et de motivation, difficulté à se concentrer, troubles du sommeil, baisse de l’estime de soi, sentiment de culpabilité, etc.).

Certains facteurs sont reconnus pour augmenter le risque de développer une dépression. Les changements hormonaux survenant après un accouchement ou lors de la ménopause, une période de stress prolongée, une condition médicale (ex. : maladie chronique, accident vasculaire cérébral, cancer) et même la génétique en sont des exemples.

L’ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL : CE MAL NON RECONNU, MAIS BEL ET BIEN RÉEL

Contrairement à la dépression, l’épuisement professionnel, ou burnout, n’est pas une maladie reconnue en santé mentale. On parle plutôt d’un trouble d’adaptation, néanmoins bel et bien réel, qui vise spécifiquement la sphère du travail.

On décrit l’épuisement professionnel comme un état de fatigue intense et une incapacité à fonctionner sur le plan professionnel. L’épuisement survient souvent dans un contexte de stress chronique, où les exigences de l’environnement de travail dépassent les capacités de l’individu. La personne peut cependant fonctionner plus ou moins normalement dans les autres sphères de sa vie (personnelle, familiale et sociale).

On reconnaît trois composantes à l’épuisement professionnel : l’épuisement à proprement parler, la distanciation graduelle d’avec le travail, et l’absence d’accomplissements sur le plan professionnel. La personne se sent donc inefficace et incompétente. De plus, elle peut présenter des symptômes physiques et psychologiques, incluant notamment des troubles du sommeil, une fatigue profonde, des troubles de mémoire et de concentration, une diminution de l’estime de soi, une attitude cynique, une fluctuation du poids, de la douleur et des problèmes digestifs.

LA SANTÉ MENTALE ET LA MASSOTHÉRAPIE

La prise en charge des troubles anxieux, de la dépression et de l’épuisement professionnel passe souvent par la médication, par la psychothérapie, ou par une combinaison des deux types de traitement. Or, la massothérapie se veut une approche complémentaire des plus intéressantes en santé mentale.

Certes, le massage agit en calmant et en amenant un état de mieux-être. Chez la personne présentant un trouble de santé mentale, la massothérapie aura donc des effets physiques : meilleur sommeil, diminution de la douleur et des raideurs musculaires et articulaires, digestion plus efficace, respiration plus facile, etc. Par son action physique, le massage est également bénéfique sur les plans psychologique et émotionnel. Il encourage un temps de pause pendant lequel la personne pourra se retrouver dans le moment présent. Il permet une prise de conscience par la reconnaissance des sensations positives dans le corps. Dans certains cas, il redonne espoir.

D’un autre côté, la nature holiste de la massothérapie fait en sorte que le massothérapeute prend en considération l’individu dans sa globalité. Ce faisant, l’accompagnement, le soutien et la relation d’aide complémentent le massage en lui-même. Cette visée est essentielle, particulièrement si la santé mentale de la personne est affectée.

En santé mentale, les possibilités qu’offre la massothérapie sont infinies. À condition, bien entendu, d’adapter le soin au client, à son état de santé et au contexte dans lequel il évolue.

Ce que nos massothérapeutes experts pensent du potentiel de la massothérapie en santé mentale :

« La massothérapie est un bonheur, puisqu’elle permet à la personne une réappropriation de son corps. En présence d’un trouble de santé mentale, le corps est fermé. La massothérapie va aider la personne à s’ouvrir en toute confiance, à prendre de l’expansion. » — Michaël Harvey, massothérapeute agréé, suédois et polarité

« Pour moi, le shiatsu, c’est de revenir dans le présent, ici et maintenant. De revenir au corps. Graduellement, c’est une meilleure connaissance de soi, un meilleur contact avec soi pour apprendre à mieux s’écouter. » — Bianca Dirani, massothérapeute agréée, shiatsu

« La massothérapie aide la personne à faire des prises de conscience et amène une plus grande confiance en soi, qui se traduit par une plus grande facilité à nommer les choses qu’elle ressent. »
Claude Delisle, massothérapeute agréé, californien

« Par le massage, on amène un langage pour que les personnes puissent parler de leurs sensations physiques et les ressentir consciemment. » — Louise De Montigny, massothérapeute agréée, approche TragerMC

 

RÉFÉRENCES
3 Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. (2016). Standards de pratique de l’infirmière dans le domaine de la santé mentale. [PDF] Repéré à https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/4462_doc.pdf
4 Commissaire à la santé et au bien-être du Québec. (2012). Rapport d’appréciation de la performance du système de santé et de services sociaux 2012 — Pour plus d’équité et de résultats en santé mentale au Québec, Sommaire. [PDF] Repéré à http://www.csbe.gouv. qc.ca/fileadmin/www/2012/SanteMentale/CSBE_SommaireSM_PourPlusEquite.pdf
5,6 Institut de la statistique du Québec. (2015). Portrait statistique de la santé mentale des Québécois – Résultats de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, Santé mentale 2012. [PDF] Repéré à http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/etat-sante/mentale/portrait-sante-mentale.pdf
7 Commissaire à la santé et au bien-être du Québec. (2012). Rapport d’appréciation de la performance du système de santé et de services sociaux 2012 — Pour plus d’équité et de résultats en santé mentale au Québec, Sommaire. [PDF] Repéré à http://www.csbe.gouv.qc.ca/fileadmin/www/2012/SanteMentale/CSBE_SommaireSM_PourPlusEquite.pdf

Rédaction KATIA VERMETTE, réd. a.