Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

Les techniques biomécaniques dans le traitement des pathologies articulaires

Dossiers, Techniques

En collaboration avec René Vary, massothérapeute agréé spécialisé en masso-kinésithérapie et en massage sportif

De nos jours, on observe une popularité grandissante pour les techniques de massage biomécaniques comme la masso-kinésithérapie, le suédois thérapeutique et le massage sportif. Que ce soit pour soulager la douleur engendrée par une pathologie articulaire ou pour redonner au corps la capacité de mouvement qui le caractérise, les techniques biomécaniques montrent des avantages indéniables pour le client, à condition de bien les maîtriser.

Dans le cas d’une pathologie articulaire, il faut d’abord déterminer d’où provient la limitation. Il est tout à fait possible qu’une douleur à l’épaule prenne naissance de la hanche, ou qu’une raideur au cou tire son origine de la chaîne antérieure du corps. Dans tous les cas, un plan d’action adapté à la condition du client, en fonction du bilan de santé établi au préalable et de l’articulation atteinte, devra être élaboré par le thérapeute.

Il faut se rappeler qu’il n’y a pas de plan d’action généralisable en présence d’une tendinopathie, d’une capsulopathie ou d’une bursite. Toutefois, en fonction de l’objectif, certaines manœuvres biomécaniques s’avèrent intéressantes pour soulager la douleur et améliorer l’amplitude de mouvement.

Activer la circulation sanguine

Le sang contient des nutriments, de l’oxygène et différentes molécules qui nourrissent les tissus du corps. Le fait d’activer la circulation sanguine et ainsi apporter du sang dans la zone douloureuse ou blessée favorisera donc sa guérison. Bien que plusieurs manœuvres biomécaniques puissent activer la circulation sanguine, le pompage montre plusieurs avantages.

Caractérisé par la compression suivie du relâchement rapide des muscles, le pompage permet la sortie, puis le retour d’un liquide interstitiel nouveau gorgé de nutriments et d’oxygène. La manœuvre crée dans la zone stimulée un environnement favorable à la guérison, en réduisant notamment l’inflammation induite par une blessure articulaire.

Afin d’être efficace et sans danger pour le client, le pompage doit être pratiqué dans la non-douleur. L’objectif étant de rétablir l’équilibre dans l’articulation touchée, la manœuvre se travaille au départ en proximal, c’est-à-dire en périphérie de la zone douloureuse, pour ensuite se rapprocher progressivement de l’articulation.

Dissiper les tensions musculaires

Les tensions musculaires nuisent indéniablement à la guérison d’une articulation blessée. Pire encore, elles peuvent accentuer la douleur. En dissipant au départ les tensions musculaires en périphérie de la zone douloureuse, il sera plus facile pour le thérapeute de cibler l’articulation touchée et d’intervenir plus localement.

Les ébranlements constituent une manœuvre très efficace pour détendre les muscles tendus autour d’une articulation. Point central du TragerMD, ces mouvements souples et rythmés entraînent le relâchement des fibres musculaires. Ces manœuvres sont particulièrement intéressantes dans le cas d’une capsulopathie, car elles améliorent la mobilité de l’articulation travaillée.

En présence de douleur associée à une pathologie articulaire, le thérapeute gagnera à travailler la cage thoracique. En effet, même si la structure n’est pas directement liée à l’articulation, la respiration tend à se bloquer et à devenir plus superficielle en présence de douleur. En relâchant les muscles de la cage thoracique, la respiration devient plus profonde, ce qui active la circulation sanguine et augmente l’apport en nutriments dans les articulations blessées.  

Outre son action localisée, le relâchement musculaire facilite également la pratique de la fasciathérapie. Le fascia, cette mince membrane de tissu conjonctif qui recouvre, enveloppe et maintien l’intégrité des structures anatomiques du corps, a été le point tournant de l’édition d’août 2016 du Massager. Parce qu’ils contribuent à l’unité du corps, il est donc des plus avantageux de prendre en considération les fascias dans le traitement d’une pathologie articulaire.

Afin de maintenir le mouvement des structures articulaires à la suite d’une blessure, le massage transversal profond, ou technique de Cyriax, s’avère une autre manœuvre intéressante en cas de lésion au niveau d’une articulation [1]. En effet, cette manœuvre favorise le réalignement des fibres musculaires dans la zone travaillée et empêche la formation de tissus cicatriciels. Le thérapeute qui pratique le massage transversal profond doit cependant s’assurer de localiser précisément la structure sur laquelle il veut agir, que ce soit un tendon, un ligament ou un muscle, et appliquer le massage de manière transversale aux fibres musculaires. La manœuvre doit être maîtrisée afin d’éviter les blessures ou d’aggraver celles déjà existantes. Ainsi, elle demande un bon senti et un contrôle adéquat de la part du thérapeute.

Pour aller plus loin

La maîtrise des manœuvres biomécaniques est nécessaire pour en assurer l’efficacité et éviter l’aggravation d’une blessure chez le client. Ainsi, parce qu’il est impossible de les expliquer en quelques lignes, nous vous proposons quelques formations pour aller plus loin dans l’apprentissage de ces techniques.

Références

[1] Gail, J. et Chamberlain, M. A. (1982). Cyriax’s Friction Massage: A Review. JOSPT, 4(1), p. 16-22. Repéré à DOI 10.2519/jospt.1982.4.1.16 

  Rédaction Katia Vermette