Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

Le massage : régénérateur de santé

Dossiers

TOUS LES SPORTIFS, QU’ILS SOIENT ATHLÈTES OU QU’ILS S’ENTRAÎNENT POUR LE PLAISIR, SOLLICITENT LEURS MUSCLES ET LEURS ARTICULATIONS SUR UNE BASE RÉGULIÈRE. AFIN D’ASSURER LA SANTÉ BIOMÉCANIQUE DU CORPS ET AINSI PRÉVENIR OU TRAITER LES BLESSURES, PLUSIEURS ONT RECOURS À LA MASSOTHÉRAPIE. LE POINT SUR LE MASSAGE EN TANT QU’OUTIL DE PRÉDILECTION DU SPORTIF.

Les bienfaits du massage chez le sportif sont reconnus depuis longtemps : amélioration et maintien de la souplesse et de l’élasticité des muscles, élimination des tensions et des crampes musculaires, soulagement de la douleur, augmentation de l’amplitude articulaire. Mais comment le massothérapeute peut-il adapter son intervention dans le but de prévenir ou de traiter une blessure sportive ?

RETROUVER L’ÉQUILIBRE POUR PRÉVENIR UNE BLESSURE

Selon Alain Bellemare, le massage idéal en est un préventif. Il améliore la préparation et la récupération du corps après un entraînement. Il assure le maintien de la santé des tissus afin de permettre une meilleure adaptation de l’organisme aux contraintes engendrées par l’effort physique. Il recherche les tensions, les zones de congestion et les inconforts dans le but de les contrer. Bref, il vise le retour à l’équilibre, à la normalité. Il veut aider à régénérer la santé.

Évidemment, le massothérapeute n’est pas en mesure d’empêcher une blessure de se produire chez le sportif. Il peut cependant relaxer les régions les plus sollicitées et dégager les tissus sous-utilisés ou fragilisés afin de réduire la susceptibilité de la personne aux blessures. Pour ce faire, le massothérapeute s’assurera par exemple que les muscles puissent être contractés tout en étant décontractés (un muscle souple est beaucoup plus fort que s’il est tendu), que les fascias soient souples et non rétractés, que les articulations soient mobiles dans leurs axes et que les liquides circulent facilement dans les tissus.

Pour être efficace, le massage préventif se doit d’être adapté au client, à ses besoins, à ses objectifs, au sport qu’il pratique, à son état de santé et au contexte dans lequel il évolue. Ainsi, l’intervention du massothérapeute sera différente selon que la personne s’adonne à la course à pied, à l’équitation ou à un sport de combat. Tout se joue dans les détails.

Dans ce contexte, une collecte d’information exhaustive, mais personnalisée, qui inclut notamment le questionnaire santé, la palpation et l’évaluation des fonctions articulaires et musculaires se veut le point de départ de tout massothérapeute qui désire intervenir auprès du sportif (voir tableau 1).

En l’absence d’une blessure, l’objectif du massage et l’intention du massothérapeute dicteront le choix des manoeuvres (voir tableau 2). Dans le cas d’un groupe musculaire surchargé par exemple, on voudra relaxer et décongestionner la zone. Des manoeuvres qui redonneront de la mobilité aux muscles sans nécessairement provoquer leur contraction (ex. : rapprochements, contretensions) pourront alors être appliquées. Au contraire, en cas de sous-utilisation d’un groupe musculaire, on stimulera les tissus en privilégiant, entre autres, des percussions et des frictions rapides afin de rappeler à l’organisme qu’il doit solliciter davantage ces zones. La pression, la vitesse et la durée des manipulations varieront évidemment selon l’effet recherché. Dans tous les cas, on vise à prévenir les blessures en équilibrant la biomécanique du corps.

FACILITER LE RETOUR À LA SANTÉ EN PRÉSENCE D’UNE BLESSURE

La massothérapie n’a pas la prétention de guérir les blessures sportives. Toutefois, en réduisant les résistances et en brisant le cycle de dégénérescence qui s’installe dans le corps, elle met en place les conditions optimales de régénération dans la région lésée, mais aussi dans l’ensemble de l’organisme, afin de faciliter le retour à la santé. En outre, le simple fait de toucher la personne blessée envoie un message plaisant au système nerveux, ce qui a pour effet de bloquer le signal nociceptif. Ce faisant, le massage permet indirectement de diminuer la douleur.

Encore une fois, l’intervention du massothérapeute dépendra des informations collectées auprès du client (voir tableau 1). En plus des questions relatives à l’état de santé général, on voudra notamment connaître le contexte dans lequel est survenue la blessure, quand et comment elle s’est produite et si un diagnostic médical a été établit. Le massothérapeute s’intéressera également aux actions posées par le client pour diminuer la douleur, l’enflure et l’inflammation depuis l’apparition de la blessure (ex. : application de glace, compression de la zone blessée, prise de médicaments, etc.).

La collecte de données se basera aussi sur l’évaluation de la blessure et des régions avoisinantes et compensatoires. La présence d’enflure, de douleur ou d’un changement de couleur des tissus lésés, de même que l’évaluation des fonctions musculaire et articulaire au niveau de la blessure, fourniront des informations pertinentes au massothérapeute pour lui permettre d’adapter efficacement son soin. Il devra également considérer les contre-indications absolues et locales au massage5

En terminant, que ce soit en prévention ou en présence d’une blessure sportive, l’adaptation du massage et de chacune des manoeuvres appliquées est essentielle afin d’assurer l’efficacité et la sécurité du soin. Pour ce faire, le massothérapeute doit en tout temps tenir compte de la rétroaction du client pendant l’intervention. En fin de compte, la personne est l’experte de sa condition. Le thérapeute, son outil.

LES CONNAISSANCES ET LES COMPÉTENCES DU MASSOTHÉRAPEUTE DANS LE CONTEXTE D’UNE BLESSURE SPORTIVE

INTERVENIR AUPRÈS DE SPORTIFS EST CERTES FASCINANT, MAIS ENCORE FAUT-IL ÊTRE OUTILLÉ POUR LE FAIRE EFFICACEMENT ET DE MANIÈRE SÉCURITAIRE. DE QUELLES CONNAISSANCES ET DE QUELLES COMPÉTENCES PARLE-T-ON AU JUSTE ?

Le massage sportif se veut une approche qui combine plusieurs techniques, dont le massage suédois, le massage deep tissue, la fasciathérapie et la kinésithérapie. Aujourd’hui, plusieurs massothérapeutes se spécialisent en massage sportif et offrent des soins à des athlètes de haut niveau et à des sportifs de tous genres afin d’optimiser la santé des tissus et leur récupération. Pourtant, l’acquisition de connaissances et de compétences spécialisées et complémentaires à la formation de base en massothérapie est nécessaire aux massothérapeutes qui désirent intervenir dans le contexte d’une blessure sportive.

DES CONNAISSANCES THÉORIQUES

D’emblée, des notions poussées en anatomie et en physiologie permettront au massothérapeute de bien comprendre la biomécanique du sportif et d’avoir une idée de la manière dont bouge le corps pendant l’activité. Ces notions aideront également le massothérapeute à saisir les différents mécanismes des blessures, leur physiologie, de même que les signes et symptômes associés. Des approches complémentaires en fasciathérapie, en drainage lymphatique manuel ou en traumatologie du sport peuvent aussi s’avérer intéressantes au massothérapeute qui veut offrir des soins aux sportifs.

L’IMPORTANCE DE LA RELATION D’AIDE

Des notions en relation d’aide sont également essentielles dans un contexte de blessure sportive. En effet, la proximité et le lien de confiance qui s’établit entre le massothérapeute et son client font souvent en sorte que ce dernier est plus enclin à se confier dans le cadre d’une séance de massothérapie. Il faut également savoir que les personnes qui se blessent en pratiquant un sport aiment s’adonner à cette activité. La blessure a donc parfois une composante psychologique qui peut être considérée par le massothérapeute, en gardant toujours en tête les limites de son intervention. Au besoin, il peut s’avérer nécessaire de diriger le client vers un psychologue.

L’INTERDISCIPLINARITÉ AU PROFIT DU CLIENT

Lorsqu’on parle du traitement d’une blessure sportive, on fait souvent référence à l’interdisciplinarité. Physiothérapeutes, chiropraticiens, ostéopathes et médecins ne sont que quelques-uns des professionnels de la santé qui interviennent auprès des sportifs. Et, au jeu de la complémentarité, la massothérapie se démarque. « Le fait qu’on ait une heure pour travailler avec notre client fait que l’on peut intervenir sur des zones surstimulées ou de compensation que les autres professionnels n’ont pas le temps de traiter », souligne Danièle Anne Speary. Il faut cependant travailler en interdisciplinarité et éviter de se nuire. Il est donc primordial de communiquer, de cerner le champ d’expertise de chacun et de connaître ses limites en tant que massothérapeute.

RÉFÉRENCES
5 Exemples de contre-indications absolues au massage : fièvre, ostéoporose sévère, etc. Exemples de contre-indications locales au massage : fracture, commotion cérébrale, suspicion de fracture hémorragique, risque élevé de thrombose ou autres caillots sanguins, plaie ouverte, etc.

 

Rédaction KATIA VERMETTE

En collaboration avec Alain Bellemare, Jacques Tétreault et Danièle Anne Speary, massothérapeutes agréés spécialisés en massage sportif.

Alain Bellemare se spécialise en massage sportif thérapeutique depuis 1993. Au cours de ses années de pratique, il a entre autres participé, en tant que massothérapeute, à de nombreuses compétitions de niveau international, notamment les Jeux olympiques de Rio (2016), de Sotchi (2014), de Londres (2012), d’Athènes (2004) et de Sydney (2000).

Jacques Tétreault est massothérapeute sportif depuis plusieurs années. Il a notamment travaillé auprès des athlètes au CEPSUM de l’Université de Montréal. En plus de pratiquer la massothérapie, monsieur Tétreault est ostéopathe, acupuncteur et formateur.

Danièle Anne Speary pratique et enseigne la massothérapie sportive en clinique multidisciplinaire et intervient auprès d’athlètes de haut niveau et de sportifs amateurs. Elle a notamment suivi les athlètes aux Jeux universitaires mondiaux l’été dernier et aux Jeux du Canada.

Le Massager mai 2018