Fédération québécoise des massothérapeutes (FQM)

La prise en charge de l’entorse par le massothérapeute

Dossiers, Techniques

L’ENTORSE ARRIVE AU PREMIER RANG DES BLESSURES LIÉES À LA PRATIQUE D’UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE AU QUÉBEC, REPRÉSENTANT 40 % D’ENTRE ELLES (1). LE POINT SUR L’INTERVENTION DU MASSOTHÉRAPEUTE EN PRÉSENCE D’UNE ENTORSE.

En collaboration avec Alain Bellemare, Jacques Tétreault et Danièle Anne Speary Massothérapeutes agréés spécialisés en massage sportif 

L’entorse se produit lorsqu’un ou plusieurs ligaments d’une articulation s’étirent ou se déchirent à la suite d’un hyper mouvement (flexion, extension, torsion). À l’aide d’un soin adapté, le massothérapeute contribue à réduire les tensions musculaires tout en favorisant une circulation optimale des liquides dans l’articulation lésée.

AUTOPSIE D’UNE ENTORSE

Aussi appelée foulure, l’entorse affecte le plus souvent la cheville, le genou, le poignet et le coude. Elle se caractérise par une douleur aiguë, une enflure, de la chaleur, une rougeur et une perte de fonction dans l’articulation touchée.

On sait que les ligaments ont un rôle de stabilisateur dans l’articulation. Lorsqu’une entorse se produit, ces ligaments s’étirent de manière excessive ou se déchirent, et ne sont plus en mesure de jouer adéquatement leur rôle. L’articulation lésée devient alors instable et douloureuse. En réponse à la blessure, la musculature environnante viendra naturellement compenser le travail des ligaments afin d’assurer la stabilité de l’articulation. Ces muscles seront par conséquent surutilisés.

Lors d’une entorse, l’articulation dépasse son amplitude de mouvement normale, ce qui affecte non seulement les muscles, les tendons, les ligaments, les os et les surfaces articulaires, mais parfois aussi les tissus situés en périphérie. Dans la plupart des cas, le seul fait de toucher l’entorse ou de bouger l’articulation provoquera de la douleur chez le client, surtout si la blessure est récente.

L’APPORT DU MASSOTHÉRAPEUTE EN PRÉSENCE D’UNE ENTORSE

En présence d’une entorse, le travail du massothérapeute sera local autant que systémique. Son objectif : adapter son intervention afin de générer chez le client un terrain propice à la guérison.

D’emblée, le massothérapeute cherchera à savoir quand et comment l’entorse s’est produite afin de déterminer l’évolution de la blessure et cibler les tissus locaux et environnants qui sont potentiellement blessés. La présence ou non de douleur, d’enflure, de rougeur ou de chaleur dans l’articulation atteinte guideront également le massothérapeute, tout comme l’évaluation des fonctions articulaires et musculaires dans la zone touchée et en périphérie.

L’intervention du massothérapeute s’adaptera à l’évolution du processus de guérison de l’articulation chez le client. De manière générale, la phase d’inflammation aiguë se résorbe dans les 24 à 48 heures suivant la blessure. Pendant cette période, le repos, la compression de l’articulation, l’élévation du membre et l’application de glace seront à privilégier afin de laisser au corps le temps d’amorcer le processus de guérison. Si le massothérapeute désire intervenir durant cette période, il évitera de travailler directement sur l’articulation lésée. Il privilégiera plutôt les manoeuvres en périphérie afin de créer de l’espace dans les tissus environnants et favoriser une meilleure circulation liquidienne (ex. : techniques de drainage, appels de sang, etc.). Dans le cas d’une entorse à la cheville par exemple, il sera intéressant de masser le genou et le bas du dos, de même que la jambe opposée, afin d’encourager le relâchement des muscles en surcharge.

En fonction de la gravité de l’entorse, la personne pourra généralement exécuter des mouvements passifs et actifs dans l’articulation lésée deux à cinq jours après la blessure. Avec le temps, le massothérapeute pourra donc progressivement se rapprocher du site de l’entorse pour y intervenir. Selon la sensibilité du client, des manoeuvres très légères pourront être appliquées localement dans le but de diminuer l’enflure (ex. : drainage, pompages articulaires, effleurages).

Une fois le processus de cicatrisation bien entamé, soit environ deux semaines après la survenue de l’entorse, le massothérapeute pourra commencer à travailler les adhérences et les limitations de mouvement dans l’articulation blessée. Pour ce faire, des frictions et des ponçages légers pourront être ajoutés aux manoeuvres douces déjà appliquées.

De manière générale, les ligaments étirés lors d’une entorse demeurent fragiles, et ce, même après la guérison. Toutefois, en entraînant les muscles dans l’articulation afin qu’ils soutiennent adéquatement le travail du ligament blessé, il est possible de limiter le risque de blessures subséquentes.

RÉFÉRENCES
1 Institut national de santé publique du Québec (2012). Étude des blessures subies au cours de la pratique d’activités récréatives et sportives au Québec en 2009-2010 [PDF]. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/ 1507_EtudeBlessuresActRecreaSportQc2009-2010.pdf

Rédaction KATIA VERMETTE

katiavermette@hotmail.com

Le Massager mai 2018